L’auteur adorait voyager, et ne s’en privait pas. Il aimait aussi raconter ses aventures. On sent ici les notes prises à la volée entre deux cahots de la malle-poste. Notre écrivain-voyageur n’aurait pas perdu de temps à peaufiner un peu son style, mais cette spontanéité contribue justement au charme du récit. Visiter Londres ou Edimbourg en plein milieu du XIXe siècle est un vrai régal pour le voyageur blasé d’aujourd’hui, certainement incapable de supporter certains aspects habituels des voyages d’alors. [Édition annotée, ebook uniquement.]
On sert le souper. J’avais été moins avisé que pour la cabine : ici j’arrivais trop tard ; plus de place à table, toutes y étaient prises, et aux furieux coups de dents que donnaient les convives, je commençai à craindre qu’il ne restât rien aux retardataires. Les Anglais sont grands déchiqueteurs ; ce qu’ils ne mangent pas, ils le gaspillent. Une table d’hôte est, chez eux, la chose la moins hospitalière du monde : c’est un véritable pillage. Heureusement que le roulis commence à se prononcer ; l’espoir me revient. Je comptais sur la mer pour éclaircir les rangs, je n’attendis pas longtemps : dix minutes après, j’avais à table vingt places à ma disposition. Je me contentai d’une seule, sûr de bien la remplir. Le dîner était bon. Tout en plaignant mes compagnons, je ne les regrettais pas, car j’avais encore plus d’appétit que d’envie de dormir.
Vers huit heures, remonté sur le pont, je vois des terres à droite et à gauche. Je me couche à neuf ; j’en avais grand besoin : depuis plusieurs nuits, j’avais à peine fermé l’œil.
Je ne me réveille qu’à six heures ; je m’habille et monte sur le pont. Une jolie ville, placée sur un coteau et qu’éclaire un beau soleil, est devant moi : c’est Saint-Pierre, capitale de Guernesey. Jamais traversée ne m’a paru plus courte. Je paie dix-huit shillings (vingt-deux francs) pour mon passage, et trois shillings pour mon dîner.
On me conduit à l’hôtel de l’Europe, hôtel d’assez mince apparence, mais où j’ai été fort bien traité et à un prix des plus modérés. Le maître du logis et sa femme sont français. Ma première question est de m’informer de Victor Hugo ; j’apprends avec plaisir qu’il est chez lui, à quelques minutes de l’hôtel.
Jacques Boucher de Perthes – 10 septembre 1788, Perthes ; 5 août 1868, Abbeville.
Issu de l’aristocratie ardennaise, Jacques Boucher de Crèvecœur – qui obtint en 1818 l’autorisation de reprendre le nom de sa mère, de Perthes – fit officiellement sa carrière dans l’administration des douanes, mais il suivit en fait sa passion pour la préhistoire, et en particulier l’étude des origines de l’homme. Sa théorie sur l’histoire antédiluvienne de l’humanité suscita de féroces résistances chez les érudits de l’époque, mais les preuves de terrain finirent par lui donner raison. Finalement reconnu comme un des pionniers de la paléontologie, ses ouvrages font encore autorité.
- – Dunkerque. Le congrès scientifique.
- – Suite de Dunkerque. Le congrès.
- – Suite du congrès. Cassel. Départ pour l’Angleterre. Traversée. Tempête. Arrivée à Douvres.
- – Douvres. Son château.
- – Londres. La chapelle de Waybridge.
- – Londres. Crystal Palace.
- – Londres. Collège des chirurgiens. Kew. Kensington Museum.
- – Manchester et son dimanche.
- – Départ de Manchester. Liverpool..
- – Départ de Liverpool. Course au clocher.
- – Édimbourg.
- – Suite d’Édimbourg. Départ.
- – L’Écosse, ses lacs et ses îles.
- – Glasgow.
- – Départ de Glasgow. Voyage sur la Clyde. Greenock. Arrivée en Irlande. Belfast.
- – Route de Dublin. Dublin
- – Suite de Dublin. Départ pour Kingstown. Embarquement pour Holyhead. Route de Londres à Southampton.
- – Southampton. Guernesey.
- – Suite de Guernesey. Victor Hugo.
- – Départ de Guernesey. Route de Jersey.
- – Suite de Jersey. Tour de l’île.
- – Suite de Jersey.
- – Saint-Malo. Dol. Rennes. Paris.