Présentations d’ouvrages et d’écrivains, souvenirs de voyages, l’auteur nous offre, dans cette collection d’articles, un florilège de textes courts et denses, marqués du raffinement et de la bienveillante douceur qui le caractérisent. Émotions, découvertes, nostalgie, dépaysement… un grand moment de lecture.
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Portraits et souvenirs
C’est de l’empire de Turquie que dépend la presqu’île monacale du Mont-Athos. J’ai eu l’occasion de m’arrêter un instant à cette terre des moines, qui est une des curiosités religieuses de l’Europe, et de visiter quelques-uns des couvents qui s’échelonnent sur les pentes de la sainte montagne, le long de la double côte qui forme ce singulier État concédé entièrement à l’exercice de la règle monastique.
Grecs, Serbes, Bulgares, Russes, les moines sont là chez eux. Seuls habitants du pays, ils le cultivent et l’administrent sous le contrôle d’un résident turc. Cette république de la prière est composée d’une quinzaine de monastères orthodoxes. Si les nationalités y sont diverses, la foi y est une, et partout on est hospitalier, au Mont-Athos. Non seulement les visiteurs sont reçus gracieusement, mais ils peuvent même séjourner à leur gré. On les loge et on les héberge. Au départ, une offrande, laissée à la générosité de chacun, indemnise la communauté de sa dépense. Pour être admis dans l’un ou l’autre des couvents de l’Athos, il n’y a qu’une condition à laquelle il faut satisfaire : c’est d’être un homme.
Les femmes, en effet, n’ont pas le droit de pénétrer à l’intérieur des clôtures ; il leur est même défendu de mettre le pied sur ce sol réservé. La presqu’île sainte tout entière leur est interdite. Qu’elles ne se risquent pas à tenter l’aventure sous un déguisement. « Pourquoi ne voulez-vous pas me laisser entrer ? demandait, raconte-t-on, une de ces voyageuses travesties à un caloyer de l’un de ces monastères qui lui fermait la porte au nez. « Mais, Monsieur, répondait le bon moine, en souriant dans sa longue barbe et sous son haut bonnet de feutre, parce que les femmes ne sont pas admises ici. » Que mes lectrices me permettent donc de les mener dans une de ces pieuses demeures qui s’appellent Ivoron, Roussikon, Vathopédie, Gregorion, Khilandar ou Lavra.
Henri de Régnier – Honfleur, 28 décembre 1864 ; Paris, 23 mai 1936.
Écrivain, critique littéraire, essayiste, il fut d’abord et avant tout poète. Ses premières publications, alors qu’il venait d’avoir vingt ans, lui attirèrent immédiatement une renommée qui ne se démentit jamais. Son oeuvre poétique, teintée de Parnasse et de Symbolisme, reste une des plus abondantes et des plus remarquables de la langue française. Le 9 février 1911 elle lui ouvrit les portes de l’Académie française. Sa vie privée fut moins académique : son épouse Marie de Heredia, une des filles du poète, publia elle-même sous le pseudonyme de Gérard d’Houville, une oeuvre romanesque et poétique abondante. Marie entretenait une liaison avec l’écrivain Pierre Louÿs (qui finira par épouser sa soeur Louise), dont elle eut un fils, Pierre de Régnier, lui-même écrivain et poète.
Portraits et souvenirs
Choderlot de Laclos
Villiers de l’Isle-Adam
Figures romantiques
Lettres de poète
Au Luxembourg
Goncourt
Heredia
Théophile Gauthier et J. M. de Heredia
À propos de Mallarmé
Rentrées
Lectures d’été
Lucien Muhlfeld
Portrait d’amie
Un roman et un romancier
Le chemin de Tolède
L’homme qui a cru voler
Littérature patibulaire
Sous le manteau vénitien
Un homme d’ordre
Mon grand-père
Pour les mois d’hiver
Du Palais-Royal à la place Saint-Marc
Temps de Pâques
Jours de pluie
Propos d’automne
Goethe à Messine
Déplacement
Rapprochements
Humble sport
Une journée à Damas
Terre de moines
Souvenirs de Stamboul
Un vendredi à Constantinople
De Venise à Stamboul