Mémoires de ma vie

Mathilde Mauté

Quand Mathilde rencontra Paul Verlaine, elle avait quinze ans, lui vingt-quatre.
Peut-on appeler « amour » ce rêve, cet élan confus, cette illusion sincère et partagée ?
Deux ans plus tard ils étaient mariés ; leur union dura deux ans, « un an de paradis, un an d’enfer », dit-elle.
Pouvait-il en être autrement ?
Cette charmante petite personne insouciante et naïve, bourrée de bonne volonté, était à des années-lumière des sombres abysses de son génie de mari.
La carpe avait rencontré le lapin.

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D’autre part, si j’étais absente de chez moi à leur arrivée, ce n’était pas que je fusse allée « rassurer papa et maman », qui étaient fort tranquilles chez eux, mais bien, comme je l’ai raconté, pour calmer l’inquiétude de mon mari en allant chercher sa mère. Aussi, ai-je été réellement peinée en lisant dans Confessions, à propos de ces jours de la Commune, des choses si peu conformes à la vérité. Par exemple, je ne pus m’empêcher de rire lorsque je vis que mon mari se vantait d’avoir, en mon absence, voulu faire la cour à notre jeune bonne, une petite louchonne très laide. Cette fille, brave et honnête, avait de lui une peur bleue et était d’ailleurs d’une bêtise digne de Jocrisse. Un jour, comme elle nous avait servi des œufs à la coque trop cuits, je lui avais acheté un sablier (elle ne savait pas lire l’heure). Mais, le lendemain, quand j’entrai à la cuisine pour voir si elle s’en servait, je vis le sablier en question dans la casserole en train de bouillir avec les œufs.

Par contre, ce que Lepelletier dépeint à merveille, c’est la frousse intense que Verlaine ne cessa d’avoir à cette époque troublée. Déjà, avant de m’envoyer aux Batignolles, le 22 mai, il me conta que les caves du Panthéon étaient remplies de poudre, et qu’au cas où les Versaillais entreraient dans Paris, les fédérés le feraient sauter. Pendant tout le temps que dura mon absence, il fut hanté par cette idée que si le Panthéon sautait, notre maison sauterait avec ; aussi fus-je stupéfaite, à mon arrivée, de voir les matelas dans un cabinet de toilette sans fenêtre. Verlaine les avait mis là pour se garantir des accidents !… L’arrivée de ses deux amis fit diversion à sa frayeur, sans toutefois le rassurer complètement. Je renvoie le lecteur à la magnifique description que Lepelletier a faite de Paris en feu, vu de nos fenêtres.

Mathilde Mauté

Mathilde Mauté, Nogent-le-Rotrou, 17 avril 1859 – Nice, 13 septembre 1914
Du 24 juin 1870, date de leur mariage, au 24 avril 1874, date de la séparation officielle, Mathilde Mauté fut l’épouse de Paul Verlaine. Ils n’ont vécu ensemble que deux ans, puis arriva Rimbaud. Verlaine déserta définitivement la vie conjugale, et Mathilde retourna à l’anonymat. Elle nous raconte ici ces deux années intenses avec une simplicité et une franchise déconcertantes, et touchantes.

Introduction

Préface

CHAPITRE PREMIER
Ma première rencontre avec Paul Verlaine

CHAPITRE II
Enfance

CHAPITRE III
Fiançailles

CHAPITRE IV
En ménage pendant la guerre

CHAPITRE V
Pendant la Commune

CHAPITRE VI
Depuis l’arrivée de Rimbaud à Paris jusqu’au départ de Verlaine avec Rimbaud

CHAPITRE VII
Depuis le départ de Verlaine avec Rimbaud jusqu’au procès en séparation

CHAPITRE VIII
Depuis la séparation jusqu’à la mort de Verlaine

CHAPITRE IX
Après la mort de Verlaine