Mémoires de Édouard lord Herbert de Cherbury

Édouard Herbert de Cherbury

Récit par lui-même de la vie bien remplie d’un philosophe, poète, soldat, historien et ambassadeur, fort engagé dans la politique de son temps entre l’Angleterre d’Élisabeth et la France de Louis XIII.

Tenu par le secret il nous en dit hélas peu sur les arcanes des cabinets, mais ses descriptions des cours royales sont captivantes par leur réalisme.

Il nous en apprend aussi beaucoup sur la vie militaire lors des campagnes, alors saisonnières, que se livraient les souverains d’une Europe troublée.

Ce gentilhomme philosophe, diplomate bravache, nous offre un aperçu surprenant de l’esprit d’une époque aujourd’hui bien curieuse.

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ISBN : 978-2-491445-78-2
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Je me rendais aussi parfois à la cour de la reine Marguerite, dans l’hôtel qui portait son nom. Là, j’assistai à plusieurs ballets et mascarades, dans lesquels la reine me faisait la faveur de me placer près de son fauteuil, non sans exciter l’étonnement et l’envie de plusieurs de ceux qui avaient ordinairement cet honneur.

Je vais raconter un incident qui survint pendant une de ces fêtes. Tout étant prêt pour le ballet, et chacun à sa place, j’étais moi-même à côté de la reine, dans l’attente de l’entrée des danseurs, lorsqu’on frappa à la porte plus bruyamment que, selon moi, la politesse ne le permettait ; un homme entra alors et j’entendis à l’instant murmurer parmi les dames : « C’est M. de Balagny. » Je vis aussitôt les dames et les demoiselles lui faire fête à l’envi et l’inviter à s’asseoir auprès d’elles, et qui plus est, quand l’une l’avait eu un instant à ses côtés, l’autre s’écriait aussitôt : « Vous l’avez eu assez longtemps ! à présent c’est à mon tour. » Quoique étonné de la hardiesse de ces démonstrations, je le fus encore davantage en voyant que ce personnage n’était que d’une beauté fort ordinaire : ses cheveux coupés très court grisonnaient déjà, son pourpoint était de haire, taillé sur sa chemise, et son haut-de-chausses d’un simple drap gris.

Je demandai aux assistants qui il était ; on me répondit que c’était un des plus braves hommes du monde, puisqu’il avait tué en duel huit ou neuf gentilshommes, et que c’était pour cela que les dames le tenaient en si grande estime. Les femmes françaises affectionnent par-dessus tout les braves et pensent qu’elles ne peuvent pas en aimer d’autres sans compromettre leur réputation.