Louis XVI et sa cour

Amédée Renée

Une exposition fouillée de la politique, nationale et internationale, menée par les cabinets de Louis XVI. Les grands esprits visionnaires sont là, on voit, on comprend, on pense juste. Mais le roi est faible, les ministres incompétents, corrompus ou prévaricateurs, la noblesse acharnée à conserver des privilèges scandaleux. Le peuple épuisé est furieux, plus rien ne peut se faire en douceur. Une analyse d’une finesse et d’une intelligence rares. (Édition annotée)

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Déjà, nous l’avons vu plus haut, ce projet des Notables avait effrayé l’esprit de Louis XVI, et il avait fallu, pour calmer sa crainte, lui rappeler comme exemple celui de ses aïeux à qui il désirait le plus ressembler. Et ce n’était pas seulement le fond des choses qui avait déplu à Louis XVI dans les nouveaux plans de Calonne : il y avait vu du Necker tout pur, comme il le dit dans un langage sans dignité. Enfin cet appel aux Notables de France offusquait son bon plaisir royal.
Peu importaient, du reste, ces velléités, ces répugnances : la destinée de ce malheureux roi n’était-elle pas de faire toujours ce qu’il ne voulait pas, et cela, les yeux ouverts et voyant ce qu’il faisait ?

Calonne, qui avait tous les embarras de la situation pour en accabler cette volonté défaillante, ne ménagea pas l’indépendance de Louis XVI, cette indépendance que Turgot et Necker avaient trop respectée. Il lui parla d’un déficit de 100 millions, qu’il fit attester par le garde des sceaux et par Vergennes ; et non seulement il le força à adopter ses idées, mais il lui fit promettre qu’il les soutiendrait envers et contre tous, même contre la reine, et, quoi qu’il pût arriver, qu’il ne s’en départirait pas.

Ce qui pouvait atténuer aux yeux de Louis XVI le danger d’une assemblée de Notables, ce fut le choix des hommes que Calonne y devait appeler. Le nombre en fut porté à cent quarante-quatre ; presque tous appartenaient aux deux premiers Ordres. Ce tiers-état, qui devait jouer un rôle si prépondérant dans les assemblées publiques, ne tint qu’une place étroite et obscure parmi les Notables ; il fut à peine représenté. C’était une de ces fautes comme il en échappait à Calonne, cet esprit contradictoire et incomplet, qui voulait la fin sans conscience, et qui oubliait les moyens. Rien n’avertit cette tête ivre d’elle-même que pour faire accepter un impôt frappant également sur toutes les classes, ce n’était pas des privilégiés seulement qu’il fallait consulter ! La même inintelligence de ce qui prépare et conduit un succès se montra dans l’ordre des délibérations.

Amédée Renée

Renée, Amédée – Caen, 8 mai 1807 ; Marseille, 9 novembre 1859.
Historien, journaliste et homme politique, Lambert Amédée Renée (de son vrai nom) débuta sa carrière littéraire comme assistant d’Augustin Thierry. Nommé en 1849 bibliothécaire à la Sorbonne, il mena à bien l’énorme travail de terminer le 29e volume de l’Histoire des Français de Sismondi, et de composer le 30e sur la base des travaux de l’auteur, décédé avant d’avoir pu terminer son oeuvre. C’est ce 30e et dernier volume, revu et réédité à part, qui est devenu Louis XVI et sa cour. Élu député du Calvados en 1852, Amédée René devint directeur du Constitutionnel et du Pays en 1857, et fut promu Officier de la Légion d’Honneur le 12 août 1859. De santé fragile, il mourut à Marseille, à 52 ans, en allant à Cannes où il espérait se rétablir.

Chapitre premier

Avènement de Louis XVI. État des esprits en France. Gouvernement. Société. Coup d’œil sur l’Europe. Le roi, la reine ; leur éducation, leur genre de vie. Le comte de Maurepas devient premier ministre ; MM. de Vergennes, du Muy, Turgot, entrent au conseil ; leurs antécédents, leurs portraits. Doctrines et premiers actes de Turgot. Rappel de l’ancien parlement ; la cour et le ministère partagés sur cette question. Les frères du roi, les princes du sang ; leur caractère. Émeute des farines. Sacre de Louis XVI ; opinions de Maurepas et de Turgot i» ce sujet. Entrée au ministère de Malesherbes et du comte de Saint-Germain ; leur caractère. Réformes de Turgot. Suppression de la corvée. Abolition des maîtrises et jurandes. Projets de constitution politique. Opposition de la cour, de la magistrature et des métiers contre Turgot. Réformes du Saint-Germain. Retraite de Malesherbes. Disgrâce et renvoi de Turgot.

CHAPITRE II

Ministère de Clugny. Entrée de Necker aux affaires ; son caractère, ses réformes d’administration et de finance. Commencement d’opposition de la cour, des parlements, de la noblesse et du clergé. Institution des assemblées provinciales. L’opposition grandit contre Necker ; il est soutenu par les gens de lettres et les classes moyennes. Publication du Compte rendu. Déchaînement des parlements et de la cour contre le ministre ; sa démission, sa popularité ; haute estime dont il jouit en Europe. Soulèvement des colonies anglaises, révolte de Boston ; combats de Lexington, de Bunker Hill, etc., etc. Premier congrès : déclaration des droits. Évacuation de Boston par les Anglais. Deuxième congrès : déclaration d’indépendance. Franklin à Paris. Traité de commerce et d’alliance de la France avec l’Amérique. Joseph II à Paris. Retour et triomphe de Voltaire.

CHAPITRE III

Commencement de la guerre d’Amérique : combat d’Ouessant. Départ de la flotte de d’Estaing ; son arrivée dans la Delaware. État de l’opinion sur la guerre. Discordes entre les Américains et les Français. Faits d’armes des Français dans les colonies. Mission armée du général Rochambeau. Départ de la flotte du comte de Grasse. Succès des Américains et des Français. L’Angleterre négocie avec l’Amérique. Bataille de la Dominique Blocus de Gibraltar. Suffren aux Indes. Traité de paix. Paix de Teschen. Fleury et d’Ormesson, contrôleurs généraux. Mort du comte de Maurepas.

CHAPITRE IV

La reine, son éducation, sa position en France, sa société intime. Caractère et genre de vie de Louis XVI. Monsieur, le comte d’Artois, le duc d’Orléans et les autres princes du sang. Ministère de Calonne, ses opérations, ses prodigalités. Procès du collier. Crédulités et superstitions de l’époque. Découvertes scientifiques. Traité de commerce entre la France et l’Angleterre. Affaires des Bouches de l’Escaut. Déficit des finances. Projets de Calonne.

CHAPITRE V

Convocation des Notables. Mort de Vergennes Discours d’ouverture de Calonne. Travaux et opposition des Notables. Renvoi de Calonne. Influence de la reine. Elle porte au ministère le cardinal de Brienne. Clôture de l’Assemblée. Opposition du Parlement ; rappel. L’opinion soulevée contre la reine. Coup d’État contre le Parlement. Opposition des parlements de province. Détresse croissante du trésor. Brienne consent à la réunion des États généraux. Rappel de Necker. Position extérieure de la France.

CHAPITRE VI

Second ministère de Necker ; scs mesures de finances ; ses desseins politiques. Seconde assemblée des Notables. Mouvement des esprits à l’approche des États généraux. Sentiments des différentes classes. Écrits divers. Ordonnances de convocation des États. Mode d’élection. Incidents. Cahiers des trois Ordres. Conclusion.

Appendice