La date de publication de l’ouvrage est importante : en 1919 le monde est en pleine reconfiguration géopolitique ; des questions existentielles se posent au sujet de nombreux petits États, qui n’ont que partiellement voix au chapitre. Le cœur de l’Europe en particulier est instable. Sous le regard acéré des Habsbourg et des Hohenzollern, Serbes, Croates et Slovènes, sans oublier Albanais, Roumains, Tchèques, Bulgares, Hongrois, Slovaques et autres Macédoniens, tous unis contre la Porte, sont pourtant installés depuis longtemps dans de dures rivalités interethniques. Le moment est venu d’essayer de trouver des voies d’apaisement. L’expertise de l’auteur en esquisse les tracés. (Édition annotée)
Ces besoins, en politique extérieure, exigeaient que la Serbie cessât d’être une colonie commerciale et un outil diplomatique de l’Autriche-Hongrie. Favoriser le développement de l’industrie en veillant à ce que les deux empires centraux ne fussent plus seuls à fournir les capitaux, le personnel technique, les machines ; moderniser l’agriculture ; préparer aux produits de celle-ci et des mines, ainsi qu’aux importations, des voies orientées désormais vers tous les points cardinaux. Par conséquent, améliorer le réseau des routes, ferrées ou non ; s’occuper du Vardar et de Salonique en démontrant à la Grèce que, loin de vouloir contrecarrer ses ambitions légitimes, ou plutôt ses droits, on ne désirait que travailler fraternellement à la satisfaction d’intérêts commun ; songer à un débouché du côté de l’Adriatique. Tel était le plan économique.
Rompre avec les habitudes des Obrénovitch pour en revenir à la tradition des Karageorgévitch, celle des relations étroites avec la Russie. Apprendre à la France que les Serbes étaient ses amis fervents – et il y avait là une tradition aussi, et non point particulière aux Karageorgévitch, ni même au nouveau souverain, car elle remontait aux Némania. Amener l’Angleterre à se demander si elle avait été bien avisée en livrant aux Habsbourg la Bosnie-Herzégovine et si son dogme de l’intégrité de l’empire ottoman demeurait soutenable. Tel était le plan diplomatique.
Pierre-Augustin Chaboseau, 17 juin 1868, Versailles ; 2 janvier 1946, Paris.
Élève surdoué parlant une quantité impressionnante de langues qu’il apprenait chacune en quelques semaines, il n’abandonna jamais cette passion et en fit le socle de son travail : lire, traduire, étudier et comparer les textes sacrés de toutes les religions. Trois rencontres devaient décider de son chemin de vie : Pierre Leymarie, directeur de la Revue spirite, puis Amélie de Boisse-Mortemart, martiniste convaincue, et enfin Gérard Encausse, alias Papus, avec qui il cofonda l’Ordre Martiniste. Médecin, adjoint au directeur du musée Guimet, traducteur, rédacteur scientifique, politologue, secrétaire d’Aristide Briand, fondateur du musée de l’Île-de-France à Sceaux… son activité était étourdissante. Il s’éteignit à 78 ans en plein travail, laissant plusieurs œuvres inachevées.
I. Les principes
Unité ethnique ? linguistique ? géographique ? – Les revendications historiques. – Les intérêts stratégiques. – Les nécessités économiques. – La moyenne à chercher. – La volonté des populations
II. Les Yougoslaves
Origines et vicissitudes de la race. – La langue et ses dialectes. – Les cultes. – Un peu de statistique
III. La Serbie
La Serbie, principauté vassale. – Principauté indépendante. – Royaume. – Les Karageorgévitch. – La vie sociale et le régime politique. – Les guerres de 1912, 1913, 1914-1918
IV. La Serbie (suite)
La Serbie du traité de Bucarest. – Les Allogènes : Roumains et Koutso-Valaques, Albanais, Bulgares, Turcs, Grecs. – La frontière du côté de la Bulgarie
V. Balkans
La question du Monténégro. – la Bosnie Herzégovine. – Croatie, Slavonie-Sirmie. – La Slovénie. – Médioumourie, Baranya, Batchka. – La question du Banat.
VI. Dalmatie
La Dalmatie et son archipel. – Les questions de Fiume, de Trieste et de l’Istrie, de Goritz et Gradisca. – L’avenir économique de la Yougoslavie.