Les Français en Algérie

Louis Veuillot

En 1841 l’auteur avait fait dans l’Algérie à peine conquise, celle de Bugeaud et d’Abd el-Kader, un voyage de curiosité, au cours duquel il put rencontrer nombre d’acteurs de la conquête, et même participer à une expédition de ravitaillement.

Il en tira un récit bien documenté, mais volontairement très personnel et subjectif.

Si le prosélytisme militant du converti appartient à l’auteur, ce texte n’en reflète pas moins de façon intéressante le regard curieux, mais réprobateur et légèrement inquiet, que jette une vieille nation sûre de ses valeurs sur le monde inconnu auquel elle se confronte.

Aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, ce témoignage ressurgi des sables trouve pourtant une étrange résonance et peut faire naître de profondes réflexions.

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Alger sort de son enceinte et se répand des deux côtés en faubourgs neufs, traversés par une belle route, et habités par une population qui leur donne un caractère exclusivement français. Les cabarets s’y épanouissent sous des enseignes réjouissantes, des soldats chantent, des cavaliers caracolent, des voitures vont et viennent à grand bruit ; on scie, on maçonne, on charpente, le soleil est éblouissant, la mer est douce, beaucoup de jolies maisons blanches émaillent la verdure vigoureuse des collines. Voilà le premier coup d’œil. Si vous questionnez les propriétaires de ces agréables bastides, ils vous diront que le sol est d’une fertilité merveilleuse et que toutes leurs denrées se vendent bien. En effet, l’immense consommation de l’armée et de la capitale donne à leur terre un prix qu’elle n’aurait pas même aux portes des grandes villes d’Europe. Voilà donc un aspect heureux. Mais tout cela ne va pas plus loin que le versant nord du Sahel et la ceinture de postes militaires qu’on lui a donnée. Si l’armée cessait un moment de couvrir ces enclos de son ombre, ils n’existeraient plus. Tous ces producteurs de salades et de primeurs, dispersés comme en pleine paix, seraient hors d’état de défendre un seul jour leurs jardinets et leurs villas.