Dans cet ouvrage, commencé par un gros-plan sur l’œuvre de Champollion, et qui se termine sur un large panorama de la civilisation égyptienne telle que la connaissaient les pionniers de l’égyptologie, l’auteur nous emmène sur les plus grands sites de fouilles au tournant du dernier siècle. Anecdotes et souvenirs font revivre pour nous les moments les plus inoubliables de cette science alors encore toute neuve. Édition annotée – e-book uniquement
L’après-midi du 18 février, au moment où j’eus le privilège de pénétrer, à la suite de la Reine Élisabeth et du Prince Léopold, dans la tombe de Toutankhamon, le blocage avait été en majeure partie enlevé et, par l’ouverture faite ainsi dans la muraille, on voyait apparaître le catafalque. L’impression était unique, et malgré mon désir ardent d’avancer immédiatement au delà et de jouir d’un spectacle peut-être encore plus extraordinaire, il me fallait m’arrêter et chercher à fixer dans ma mémoire la vision présente. Imaginez un réduit de dimensions restreintes, entièrement creusé dans l’épaisseur de la montagne ; les murs en sont unis, sans aucun relief ni peinture, contrairement à l’usage des tombes royales de cette époque.
Les deux grandes statues royales ont une allure imposante. L’enduit de résine dont on a recouvert le bois pour en assurer la conservation leur donne un aspect étrange, sur-prenant pour qui n’est pas habitué à l’analyse des formes de l’art égyptien. Les deux vi-sages ne sont pas absolument pareils, mais j’y retrouve sans peine l’élégance, la distinc-tion et la finesse qui caractérisent les images déjà connues de Toutankhamon. La coif-fure, le vêtement, les sandales, les bijoux, le sceptre et la massue sont recouverts de feuilles d’or ; leur éclat anime les statues qui, sans ce décor, auraient un aspect lugubre. Entre les deux, la paroi du catafalque vous fascine. Tout ce qu’on voit est en or ou en émail bleu d’une intensité sans pareille. C’est bien ce bleu que l’on appelle égyptien parce qu’aucun autre peuple, semble-t-il, n’a réussi à le produire avec une telle perfec-tion.
Jean Capart, 21 février 1877, Bruxelles – 16 juin 1947, Etterbeek.
Après des études de droit et l’obtention de son doctorat en 1898, il fit prendre à sa carrière le tournant définitif vers ce qui avait toujours été sa véritable passion : l’égyptologie.
Directeur général du Service des Antiquités en Égypte, du musée du Caire, conservateur en chef des musées d’art et d’histoire de Bruxelles, professeur d’égyptologie à Liège et Bruxelles, il participa aussi à de nombreuses fouilles de terrain.
Il est considéré à juste titre comme le père de l’égyptologie belge.
Avant-propos
I. – Le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion
II. – Ce qu’on lit dans les inscriptions égyptiennes
III. – Les petits Égyptiens apprennent à lire
IV. – La pyramide de Meïdoum
V. – On bâtit la Pyramide
VI. – La fin d’un empire
VII. – Le charme de Karnak
VIII. – Les belles histoires des fouilles
IX. – Ce que j’ai vu chez Toutankhamon
X. – Mon ami Toutankhamon
XI. – Une primeur archéologique
XII. – Sur les chantiers d’el Kab en 1938
XIII. – La gloire d’un grand passé
XIV. – La civilisation égyptienne