« Monsieur l’astronome,
Selon le désir du professeur Hess, je prends la liberté de vous signaler un événement digne de vos études, dont je vous garantis la vérité absolue, sur ma parole d’honneur et sur celle de mon amie qui a eu cette vision.
Cette amie se nomme Flora Kruby. Nous n’avons pas de secrets entre nous. Cette dame est mariée, et c’est ma plus sincère amie. Un monsieur de notre connaissance, qui est médecin, se trouve quelquefois dans notre société. Durant un certain temps, Mme Kruby a été empêchée de prendre part à nos réunions, et je ne l’ai pas vue pendant plusieurs semaines, pendant lesquelles elle n’a rien appris, ni de moi, ni du docteur. Un jour, que je me trouvais, également sans Mme Kruby, avec ce docteur et plusieurs personnes en société, j’eus une discussion avec ce médecin ; il a un très bon cœur, mais il se met facilement en violente colère. Je me sentis tellement offensée que je pris la résolution de rompre avec lui et de ne jamais plus lui adresser la parole.
Le même jour, il devait entreprendre un long voyage pour remplacer un professeur pendant plusieurs semaines.
L’autre jour, Mme Kruby (qui ne savait rien de son départ) arriva hors d’haleine chez moi, et me raconta, tremblant de tout son corps, avec un air consterné et la figure bouleversée, ce qui lui était arrivé pendant la nuit. Elle m’a donc écrit ta relation que voici pour moi et pour vous :
« Mademoiselle, j’ai eu cette nuit une vision ! Je n’avais jamais cru à de telles choses. Au contraire, quand on venait me raconter de ces sortes d’histoires, je jetais un bel éclat de rire. Alors, entendez, écoutez. Je n’étais pas encore endormie ; toutes les portes étaient fermées à clé. Tout à coup, la porte de ma chambre à coucher s’ouvre légèrement, et quelqu’un entre. Je pensai, naturellement, que c’était mon mari. Depuis plusieurs jours, il avait mal aux dents, et je supposai qu’il venait chercher un remède. J’ai demandé : « Est-ce toi ? souffres-tu ?… » Pas de réponse. Mais une ombre s’approche rapidement de mon lit, se penche vers moi et me dit : « C’est moi, le Dr B… Je viens vous demander quelque chose ! – Mon Dieu, m’écriai-je, est-ce que vous êtes mort ? – Non, je suis bien vivant ; je pars en voyage pour plusieurs semaines, et comme nous sommes tous mortels, on ne peut pas savoir. Je ne puis trouver de repos sans vous adresser une prière : je sais que vous êtes une bonne amie de Mlle Lux et que vous avez une grande influence sur elle ; suppliez-la de me pardonner ; je n’ai pas voulu l’offenser, car je l’aime sans qu’elle s’en doute, – mais, discrétion. Je ne le dis qu’à vous, j’ai confiance en vous, vous êtes loyale ; les autres ne le sont pas. Alors, excusez ma prière. »
« Après ces mots, il disparut, et s’en alla, mais mon mari qui avait entendu le bruit de la porte se réveilla et me demanda une explication. Je n’ai pas eu le courage de parler, je tressaillais, j’étais profondément troublée, et quand je pense encore maintenant à cette vision, je me mets à trembler de nouveau.
« J’ai vu le docteur distinctement, il me parlait vivement, comme toujours ; je sentis son haleine, car il parlait bas, très proche et penché sur mon lit. »
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis cette vision. Mme Kruby et moi, nous la gardâmes comme un secret, et quant à moi, je ne pouvais m’empêcher de rester sceptique sur sa réalité. Après le retour du docteur, je lui demandai un jour comment il avait passé la nuit après notre dispute, et il répondit : « Malgré ma grande irritation, je me suis endormi profondément dans le train en pensant à vous, j’ai rêvé de vous, votre pensée me poursuivit et ne me quitta qu’au moment où j’ai perdu, pendant le sommeil, toute ma connaissance. »
Cher Maître, en tous communiquant cet événement, je prie mon amie de la contresigner avec moi, pour une garantie plus complète à votre égard. »
Anne Lux, Flora Kruby
(Lettre 1039)
Arrivée à la fin de ma lettre, je prends la liberté de remarquer que j’ai pour votre personne et vos travaux une telle estime, un tel respect, qu’il me serait impossible de vous tromper.
I – Les faits exposés au premier volume prouvent-ils irréfutablement l’existence de l’âme ?
II – Les doubles de vivants
III – La pensée productrice d’images projetées à distance
Les apparitions de vivants. Morts apparaissant vêtus comme de leur vivant. Cinématographie psychique. Transmissions télépathiques sensorielles
IV – Les apparitions de mourants quelque temps avant la mort
V – Les manifestations de mourants quelque temps avant la mort (autres que les apparitions)
VI – Vues de scènes de mourants et de morts à distance. Auditions du même ordre
VII – Avertissements divers précédant la mort ou l’annonçant
Prévisions personnelles de morts à dates fixes. Rêves prémonitoires associés à des apparitions. Visions singulières. Intersignes. Avertissements d’accidents paraissant donnés par des êtres invisibles
VIII – Sensations mentales à distance de morts ou d’accidents (sans phénomènes physiques)
IX – Morts annoncées par des bruits, des coups frappés, des vacarmes inexpliqués, des phénomènes physiques
L’électricité et la foudre
X – Entre la vie et la mort
Faits intermédiaires, dans lesquels les vivants peuvent être encore en action. Mourants qui sont venus dire « je m’en vais » ou « je suis mort ». Appels télépathiques au moment du départ
XI – Les manifestations de mourants au moment du décès (autres que les apparitions)
XII – Les apparitions de mourants au moment du décès