Vers la fin de la seconde moitié du XVIe siècle, le territoire de ce qui était alors la France fut ravagé par une longue guerre civile d’apparence religieuse, en réalité politique. Ce déchaînement de violence, d’une sauvagerie inouïe, toucha autant la capitale (la Saint Barthélemy parisienne en est devenu le symbole) que les campagnes les plus reculées. Le nord de la Bourgogne ne fut pas épargné. Pas un de ces villages aujourd’hui champêtres et tranquilles qui ne porte la mémoire de dévastations et de massacres inimaginables. L’auteur, natif et grand spécialiste de ce territoire, nous en fait un récit très documenté, et d’autant plus saisissant. (Édition annotée)

Histoire des guerres du calvinisme et de la Ligue dans le département de l’Yonne
Tome premier
Pendant que l’armée protestante gagnait Orléans, toutes les troupes catholiques traversaient l’Yonne à la hauteur de Joigny et de Sens et la Seine à Montereau, pour s’échelonner entre Orléans et Paris. Le maréchal de Montmorency écrivait des environs de Sens à la duchesse de Ferrare, qui résidait au château de Montargis, qu’il avait reçu du duc d’Anjou l’ordre d’occuper cette ville avec un régiment de gendarmerie pour essayer de séparer les différents corps de l’armée de Condé. Les aventuriers protestants restés à Auxerre purent alors courir impunément au pillage des abbayes situées dans le voisinage de cette ville. Le monastère de Pontigny, qui avait été jusque-là préservé, fut pillé et dévasté. Les tombeaux des personnages illustres, et entre autres ceux de la reine Adèle, femme du roi Louis VII, et de Hugues de Mâcon, premier abbé de cette maison et depuis évêque d’Auxerre, furent mutilés. Ils crurent que ce dernier monument était celui de saint Edme de Cantorbéry, dont les reliques étaient l’objet d’une grande dévotion tant en France qu’en Angleterre, et l’ayant ouvert, ils jetèrent au feu les ossements qu’il contenait. Les moines avaient heureusement transporté et caché, tant à Saint-Florentin qu’à Chablis, leurs archives et leurs effets les plus précieux. Ce qui en était resté dans l’abbaye fut enlevé, et les pillards, après avoir mis le feu à l’église, rentrèrent à Auxerre avec des chasubles ou autres ornements déployés sur leurs corps.
Ambroise Challe – 13 juin 1799, Auxerre; 28 février 1883, Auxerre.
Issu d’une famille de commerçants, deuxième de six enfants, avocat, historien, il consacra sa vie d’érudit à son département natal, l’Yonne, au sujet duquel il publia de nombreux livres et articles. Sa vie de service à son pays d’origine passa aussi par la politique : conseiller municipal, conseiller de préfecture, conseiller général, maire d’Auxerre, il rejoignit également nombre de sociétés savantes. Fait chevalier de la Légion d’honneur en 1853, il fut promu officier le 6 mai 1866.
Introduction
Chapitre I
Causes, origines et développements du protestantisme et des haines religieuses dans les diocèses d’Auxerre et de Sens. – Répressions sanglantes, organisation des associations secrètes à Sens, Auxerre et Gien. – Édits de tolérance. – Oppositions catholiques, prédicateurs, Pierre Divolé. – Première émeute catholique à Auxerre le 9 octobre 1561, autre avec combat au dehors. – Nouvel édit de tolérance du 17 janvier 1561. – Tonnerre, Avallon.
Chapitre II. – 1562
Massacre des huguenots à Vassy, à Sens et à Céant-en-Othe. – Insurrection protestante. Révocation des édits de tolérance. Guerre engagée. Représailles sanglantes et dévastations des églises. – expulsion d’Auxerre des principaux protestants. Nouvelle émeute catholique et assassinats dans cette ville. – Entrains, Giens, La Charité. – Passage des reîtres auxiliaires. Saint-Cyr-les-Colons, Jussy, Mailly-le-Château. – Tonnerre, Avallon, Girolles. – Bataille de Dreux. Paix d’Amboise. Départ des reîtres.
Chapitre III. – 1563-1566
Exécution incomplète de l’édit d’Amboise à Auxerre. Protestations et pétitions, émeute à Cravant. – D’Andelot à Tanlay. Le prince de Condé, seigneur de Vallery et de Noyers. – Voyage du roi et de la reine-mère dans le Midi, par Sens et Troyes. Conseils du duc d’Albe. Retour par Auxerre, Sens et Sergines. – Violations continuelles de l’édit. Sens, Courtenay. Réclamations des protestants. Refus et menaces de la cour. Projet d’arrêter leurs chefs. – Assemblées à Châtillon-sur-Loing et à Vallery. – Deuxième prise d’armes. Surprise d’un grand nombre de villes.
Chapitre IV. – 1567
Les protestants d’Auxerre. Leurs réunions. Manœuvres imputées aux magistrats de cette religion. Émeute contre eux le jour de la Fête-Dieu. – Leurs dispositions pour s’emparer de la ville. Ils la surprennent dans la nuit du 27 septembre. – Le père Divolé arrêté, accablé d’outrages, puis mis en liberté. – Saccagement des églises, des couvents et des cloîtres des chanoines, dévastations, pillages, incendie. Châsse de Saint-Germain. – Contribution de 3000 écus sur la ville.
Chapitre V. – 1567 (suite)
Bataille de Saint-Denis. – Retraite de l’armée protestante. Prise de Pont-sur-Yonne. Saccagement de Courlon. – Tentative sur la ville de Sens. – Combat à Saint-Florentin. Situation de Joigny. – Retour de l’armée protestante avec les reîtres. – Tonnerre mis à rançon. Attaque de Cravant. Prise et saccagement d’Irancy. Coulanges-la-Vineuse rançonnée. – Dévastation des abbayes. – État intérieur d’Auxerre et de Sens. – Entrains et Gien occupés par les protestants. – Siège de Chartres. – Paix de Longjumeau.
Chapitre VI. – 1568
Protestation des prédicateurs contre la paix de Longjumeau. Le père Divolé. Sa mort. – Auxerre rendu au roi. – Émeute contre les protestants. Leur expulsion de la ville. Attaque à main armée. Désordres et assassinats. – Protestations de l’amiral de Coligny et du prince de Condé. – Leur sûreté est menacée. – Formation des confréries. – Complot contre la vie des chefs protestants. – Le prince à Noyers et l’amiral à Tanlay. – Avertissements qu’ils reçoivent. Ils se décident à partir. Requête du prince au roi.
Chapitre VII. – 1568 (suite)
Départ de Noyers. Famille du prince et de l’amiral. Passage de la Loire. – Surprise de Bonny. – Mouvements des protestants. – Montréal. Chatel-Gérard. – Noyers assiégé par Barbezieux. Prise de la ville et du château. Pillage. – Excuses fournies par Barbezieux. Protestations du prince de Condé. – Expédition contre Château-Renard. Prise de cette place.
Chapitre VIII. – 1568 (fin)
Nouvelle prise d’armes. – Occupation par les bandes protestantes de Gurgy et d’Escamps. – Prise de ces deux places. – Les deux partis recrutent dans les campagnes. – Complot pour l’extermination des protestants à Auxerre. – Massacre de 150 convertis dont on suspectait la sincérité. Assassinat du lieutenant général Chalmeaux. – Soldats catholiques pris pour des protestants et égorgés à Maillot.
Chapitre IX. – 1569-1570
Mort du capitaine La Borde. – Surprise de Vézelay par les protestants, déprédations de sa garnison. – Passage de l’armée des reîtres. Ils prennent La Charité. – Siège de cette ville par Sansac. – Surprise et reprise de Régennes. Cruautés inouïes. – Nouveau siège et prise de Noyers. – Siège de Vézelay. – Incursions des garnisons de Vézelay, Sancerre et La Charité. – État des abbayes, prieurés et églises de l’Auxerrois. – Retour de Coligny dans cette contrée. – Excès et misères. – Paix de Saint-Germain.
Chapitre X. – De 1571 à 1575
Charte des protestants de Bourgogne et de Champagne. – Massacre de la Saint-Barthélemy. – Mort de Marraffin de Guerchy. – Incursions et brigandages des confréries. Jacques Creux et Laprime de Cravant. Les Pieds-nuds de Sens. – Abjuration à Sens et à Auxerre. Fuite de ceux qui refusent d’abjurer. – Sièges de La Rochelle et Sancerre. Traité de La Rochelle. – Alliance des protestants avec les politiques. – Mort de Charles IX. – Nouvelle prise d’armes sous le commandement du duc d’Alençon. – La noblesse devenue odieuse au peuple des campagnes.
Chapitre XI. – 1575-1576
Levées de régiments et désordres qu’elles entraînent, saccagements de bourgs et villages. – Surprise et oppression de Joigny. – Passage des Allemands auxiliaires, Perreuse et Saint-Vérain pris et saccagés, Pont-sur-Yonne occupé. – Conférences de Vallery et d’Étigny. – Paix d’Étigny. – Protestation du clergé de Sens. – Départ des Allemands. – Courgenay brûlé, Sergines rançonné. – Dévastations, résistances, brigandages.
Pièces justificatives