En Argentine – I

De Buenos Aires au Gran Chaco

Jules Huret

Description émerveillée de l’Argentine dans les années 1900 par un écrivain journaliste, et statisticien dans l’âme.

Ce premier tome se consacre à la capitale Buenos Aires, aux villes principales et aux immenses espaces à mettre en culture.

Du prix de la vache au kilométrage de clôture en passant par le nombre de sillons de canne à sucre à l’hectare, tout est compté, calculé, mesuré, pesé.

Aucun chiffrage n’est oublié, et cette étrange approche a pour résultat paradoxal un tableau étonnamment vivant d’un pays en pleine explosion économique. (Édition annotée, la version numérique contient le texte intégral des deux tomes.)

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ISBN : 978-2-491445-91-1
9782491445911 24,00 €
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ISBN : 978-2-491445-92-8
9782491445928 9,49 €
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Quand nous visitâmes Clara, la colonie venait d’être envahie par les sauterelles, dont nous avions croisé les vols tout le long de la route. Au passage du train, la terre des champs, qui paraissait mordorée, semblait se soulever des deux côtés de la voie comme sous le souffle d’un formidable ouragan ; les poteaux télégraphiques, les pieux des clôtures, les troncs des arbres, cagneux, bossus, comme d’une mousse fanée et grouillante, reprenaient soudain leur forme : c’étaient des nuées de sauterelles qui digéraient là les moissons perdues et que le bruit de la locomotive faisait s’envoler dans une stridulation colossale des élytres.

Le train traversait des nuages épais de sauterelles qui venaient se cogner aux vitres du wagon et s’abattre sur les rails. Une affreuse odeur nous montait aux narines, celle de la bouillie que les roues du train faisaient de ces bêtes ; la vitesse de la locomotive en était ralentie et les roues patinaient sur cette huile nauséabonde.
Dans un champ, des hommes et des femmes agitaient des drapeaux cloués au bout de longues hampes pour effrayer les légions qui passaient. Ailleurs, au bord d’un fossé fraîchement creusé, s’alignaient des sacs remplis de sauterelles qu’on s’apprêtait à y vider.

Dans le village de Clara, quelques légions s’arrière-garde restaient installées sur les arbres. On craignait que ce ne fût pas fini.