Ces cas diffèrent beaucoup entre eux. Tantôt la suspension de la mémoire part du début de la maladie pour s’étendre en avant, tantôt elle recule un peu sur les derniers événements passés ; le plus souvent, elle s’étend dans les deux sens, en avant et en arrière. Quelquefois, la mémoire revient d’elle-même, brusquement, quelquefois lentement et avec un peu d’aide ; quelquefois la perte est absolue, il faut procéder à une rééducation complète. Nous allons donner des exemples de tous ces cas. « Une jeune femme, mariée à un homme qu’elle aimait passionnément, fut prise en couches d’une longue syncope à la suite de laquelle elle avait perdu la mémoire du temps qui s’était écoulé depuis son mariage inclusivement. Elle se rappelait très exactement tout le reste de sa vie jusque-là…
Elle repoussa avec effroi dans les premiers instants son mari et son enfant qu’on lui présentait. Depuis, elle n’a jamais pu recouvrer la mémoire de cette période de la vie ni des événements qui l’ont accompagnée. Ses parents et ses amis sont parvenus, par raison et par l’autorité de leur témoignage, à lui persuader qu’elle est mariée et qu’elle a un fils. Elle les croit, parce qu’elle aime mieux penser qu’elle a perdu le souvenir d’une année que de les croire tous des imposteurs. Mais sa conviction, sa conscience intime n’y est pour rien. Elle voit là son mari et son enfant sans pouvoir s’imaginer par quelle magie elle a acquis l’un et donné le jour à l’autre. »
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