Un Mexicain doit aller partout avec son épouse, même en guerre. Les défenseurs du gouvernement, tout aussi bien que les révolutionnaires, emmenaient avec eux leurs femmes, appelées soldaderas, qui remédiaient à l’absence d’administration militaire, chacune s’occupant de nourrir « son homme ».
Dans les marches, elles allaient à l’avant-garde, entourées d’essaims de marmots, les vêtements de la famille formant un ballot sur leur tête. Elles pillaient tout, rasaient les champs comme une nuée de sauterelles, et lorsque les soldats faisaient halte, ils trouvaient le feu allumé et le repas à point. Les premiers contacts entre deux partis se produisaient presque toujours entre avant-gardes de soldaderas. Oubliant leur antagonisme, elles se vendaient les unes aux autres leur superflu. Le défenseur du gouvernement, par l’intermédiaire de sa compagne, fournissait des vivres au rebelle. D’autres fois c’était le contraire.
La monnaie ne jouait presque aucun rôle dans ces transac tions. Le parti manquant de munitions voulait seulement vendre son pain en échange de cartouches, et celui qui en possédait les cédait, avide de nourriture, sans penser que quelques heures après, ces mêmes projectiles pouvaient lui donner la mort. Dès que le combat s’engageait, les soldaderas et leurs ribambelles de marmots se retiraient à l’arrière-garde. D’autres fois, aux moments critiques, la femme entrait dans la mêlée, pour soutenir le compagnon blessé et continuer le feu.
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