Rosalindo ne tarda point à prendre l’aspect des ouvriers du pays, et rien ne resta en lui du gaucho de Salta. Il avait coupé ses moustaches et transformé son habillement. Il suivait avec assiduité, dans les divers lieux où il travaillait, les prédications de certains ouvriers venus d’Europe, qui prêchaient contre les compagnies salpêtrières et qui excitaient leurs camarades à la révolte. Mais une grève, suivie d’incendies et de pillages, fut réprimée aussitôt par les soldats chiliens avec un copieux emploi de mitrailleuses, ce qui rendit la prudence à Rosalindo et à la plupart de ses camarades.
Il y avait déjà huit mois qu’il travaillait, lorsqu’il eut le grand plaisir de rencontrer un compatriote qui voulait revenir à Salta.
La vie de cet homme dans les salpêtrières avait été moins agréable et moins fructueuse que celle de Rosalindo. Pendant les premiers mois, il avait gagné beaucoup ; mais comme il était joueur, tous ses gains étaient restés dans les maisons de remolienda. Finalement ses dettes et ses querelles l’obligeaient à quitter le pays. Rosalindo, lui, n’était pas joueur ; son vice dominant avait toujours été la boisson, et depuis qu’il gagnait gros, il pouvait aussi bien qu’un monsieur satisfaire largement ce vice.
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