Si le tombeau était la fin de tout, aurions-nous ce frémissement respectueux qui prend à tout homme devant la majesté de la mort ? Quand un cercueil descend dans la terre, nous sommes solennellement ému, non pas de la peur d’y descendre nous-même, mais de la terreur de l’inconnu. Où va celui qui est parti ? Il est entré dans les ténèbres pour nous impénétrables, mais qui sait si déjà le tombeau ne lui a pas déjà ouvert une porte lumineuse. Qui oserait dire devant cette fosse ouverte que c’est un des gouffres du néant, que le mort que l’on enterre ne s’éveillera pas plus vivant que nous le sommes, nous qui le pleurons ?
Quel est le spectateur de ce dénouement de la vie humaine qui ne sente que celui qui n’est plus a encore les yeux ouverts sur nous, les yeux de son âme. Ses ennemis disent que celui-là ne leur fera plus de mal, mais ne craignent-ils pas de le retrouver là-haut ? Le sentiment intime devant un cercueil, c’est que si « la farce est jouée », comme a dit Rabelais, elle se jouera encore sur d’autres théâtres. Et la mort est une figure trop terrible pour que le drame futur ne soit pas plus grandiose.
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