Ce sont les plus somptueuses toilettes qu’on ait portées depuis longtemps, et telles qu’on n’en a pas vu aux récents mariages de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Chartres. Mais tous les yeux, toutes les pensées sont pour Marie-Antoinette. Dans ses grands paniers de brocart blanc, elle s’avance légère et fine, le visage à peine fardé, rose de jeunesse sous ses blonds cheveux, souriante à tous, ses yeux pleins d’un naïf triomphe. Le Dauphin est mal à l’aise dans le bel habit de l’ordre du Saint-Esprit en réseau d’or garni de diamants ; il semble plus sérieux encore que d’habitude et n’a pas un geste, pas un empressement pour la jeune femme qui répand sa grâce autour d’elle et soulève au passage le flot murmurant de l’admiration.
À la Chapelle, sur les gradins en amphithéâtre de la nef et des tribunes, tout le monde se lève au moment où l’orgue éclate, annonçant l’entrée du cortège. Le coup d’œil est merveilleux et le soleil descend à flots par les larges baies sur les toilettes étincelantes. Louis XV s’arrête un instant sur son prie-Dieu. Le Dauphin et la Dauphine vont jusqu’aux marches de l’autel, là même où l’on voit, sur une estampe de Cochin, le Dauphin et la Dauphine de 1745. Les usages religieux de Versailles sont tels que les a fixés Louis XIV, et c’est au même endroit que s’agenouillent, depuis un siècle, les couples royaux ou princiers.
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