Les Strasbourgeois se souvinrent longtemps de ce 15 août 1725, où les rues pavoisées et enguirlandées virent le brillant mouvement des troupes autour des carrosses royaux, et personne n’oublia l’aimable jeune Reine pour qui se déployèrent toutes ces joies. La majestueuse cathédrale fut remplie, dès avant onze heures, par la Cour, les princes allemands et leur suite, la noblesse et les familles notables de la ville ; entre les tribunes dressées de chaque côté de la nef, les gardes du corps et les Cent-Suisses formaient la haie, comme à Versailles. À midi, le cardinal de Rohan, les chanoines-comtes de Strasbourg, et tout le clergé séculier et régulier de la ville, reçurent la Reine sous le porche et la conduisirent au chœur, toutes cloches sonnantes, au bruit des tambours, timbales et trompettes des gardes du corps. Précédée du grand-maître des cérémonies du Roi, des ambassadeurs extraordinaires et de monseigneur le duc d’Orléans, tenant la place de Louis XV, Marie traversa l’église, donnant la main au roi son père. Stanislas avait le cordon et la croix du Saint-Esprit, qu’il venait de recevoir du roi de France. Marie était vêtue d’une étoffe de brocart d’argent garnie de dentelles d’argent et semée de roses et de fleurs artificielles. La marquise de Linage portait la queue de sa robe, et la marquise de Rose celle de la reine de Pologne. L’estrade où la princesse s’agenouilla d’abord entre ses parents était couverte de velours cramoisi semé de fleurs de lis d’or, et au-dessus pendait un grand dais de semblable velours descendant des voûtes.
Le roi et la reine de Pologne menèrent leur fille à l’autel ; le duc d’Orléans se mit auprès d’elle et le cardinal prononça, avant de bénir le mariage, un discours qui justifiait, en cette grande journée, les vues inattendues de la Providence…