Lorsque le Roi et la Reine venaient en son château, le Connétable s’avançait loin à leur rencontre, avec une nombreuse et brillante escorte. Il les conduisait à leurs appartements. Il exigeait une étiquette sévère. Il servait lui-même le Roi, seul à une table, les seigneurs de la suite assis à une autre table. Il parlait debout à la Reine. Pendant le repas, des musiciens jouaient dans une tribune. La compagnie se promenait et collationnait dans le parc. L’austérité de Madeleine de Savoie n’admettait ni bals, ni comédies, ni mascarades. La chasse restait la grande distraction, dans une région exceptionnellement favorable.
Le maître de Montmorency, le Connétable Anne de Montmorency, apparaissait comme l’un des plus riches et des plus puissants seigneurs du royaume : à la Cour, grand officier de la Couronne et titulaire de la plus haute charge de l’État, à Chantilly, représentant une figure près de disparaître : le grand féodal.
Il possédait six cents fiefs, plus de cent trente châteaux, terres et seigneuries, et quatre hôtels à Paris. D’aucuns lui léguèrent leurs biens pour se donner un protecteur ; il n’accepta pas toujours, crainte des procès. Il profita de certaines confiscations prononcées par le Roi, incident fréquent en temps de guerre civile. Le revenu de ses offices et pensions équivalait, aussi approximativement qu’on puisse le chiffrer, à environ huit millions de notre monnaie, à quoi s’ajoutait le produit de ses domaines. On le disait « avare et convoiteux ».
Il n’y pas encore d’avis.