Au moment où Stanley partit du camp, jugeant nécessaire d’avancer avec Jephson, Stairs et Park, et prenant avec lui les hommes d’élite de l’Expédition, il avait sommairement calculé qu’au cas où Tippoo Tib n’arriverait pas à fournir le nombre de porteurs nécessaires pour permettre à l’arrière-garde de suivre, avec les sept cents chargements, le séjour à Yambuya ne se prolongerait pas plus de cinq mois, car alors, lui Stanley, comptait bien être de retour.
L’avant-garde était donc partie depuis six bonnes semaines quand Herbert et Bonny arrivèrent de Bolobo, avec leurs hommes et leurs chargements. On n’avait alors ni vu, ni rien appris des porteurs promis par Tippoo Tib,
Les troubles commencèrent immédiatement, même avant que le steamer Stanley eût fini de décharger la cargaison amenée de Bolobo. Une attaque d’Arabes et de Manyemas, contre le camp indigène sur la rive opposée de Yambuya, fut la première indication qu’il y avait des Arabes dans le voisinage.
Quelques jours après, le chef des Manyemas, un nommé Abdallah, se présenta au camp, en racontant que Tippoo Tib avait envoyé cinq cents hommes dans des canots, mais qu’ils avaient rencontré une telle hostilité de la part des indigènes, et qu’ils étaient si épuisés de pagayer contre le fort courant de l’Aruwimi dans une vaine recherche pour trouver le camp, qu’ils s’étaient pour le moment débandés. Abdallah suggérait alors, vu les circonstances, qu’il paraissait judicieux, Stanley Falls n’étant qu’à quelques jours de marche de Yambuya, d’y dépêcher une députation pour avoir une entrevue avec Tippoo Tib.
Après consultation, il fut décidé qu’Herbert accompagnerait Jameson dans cette mission. En conséquence, le 23 août, juste dix jours après l’arrivée d’Herbert de Bolobo, lui et Jameson se mirent en route avec une petite escorte d’Arabes et d’indigènes de Stanley Falls, avec Abdallah comme guide.
Le journal donne le vif récit de cette marche de six jours, à travers une forêt dense et humide, des taillis sans fin, des marais pestilentiels et des champs de manioc en friche, plantations abandonnées des villages indigènes dévastés par les Arabes. Il raconte les pluies tropicales, torrentielles et glacées, alternant avec un soleil brûlant, le manque de nourriture, et l’état de malaise général, précurseur de sérieuse maladie.
Patrick –
Un grand monsieur. Merci pour la découverte.