Château de Versailles et Beaux-Arts sont deux désignations à peu près synonymes. Dès la construction du petit château, le roi Louis XIII avait voulu du simple pour son rendez-vous de chasse, mais du beau. Son fils, très attaché à ce lieu rempli du souvenir de son père, ne connut plus de limites. Rien en fut trop beau ni trop luxueux pour ce qui allait devenir la plus grande gloire de la France. Nous découvrons dans cet ouvrage dans quels rapports étroits vivaient alors le pouvoir, le raffinement et le génie. (Édition annotée)
Le contraste est grand entre cette toile de la Galerie Wallace et celle d’une extrême simplicité où la marquise, en robe montante, semble surprise à l’ombre d’une futaie, au milieu d’une aimable lecture. Sa main droite tourne encore les pages de la brochure tombée sur ses genoux, tandis que le bras gauche repose sur d’autres livres. Ce sont des contes de Voltaire, des tragédies de Crébillon ou des vers de l’abbé de Bernis. Elle a offert le plus bel exemplaire de ce portrait à son cher abbé pour lui rappeler l’ancienne amitié d’Étioles, en reconnaissance peut-être des premières leçons qu’elle lui doit sur les choses de la Cour.
À Mme de Pompadour, il n’y a pas lieu d’en douter, Boucher dédie encore un de ses plus intéressants dessins aux trois crayons, dont un exemplaire est au Musée de Stockholm, un autre à Paris chez M. Veil-Picard. L’artiste a marqué en se jouant, mais avec une précision singulière, la silhouette menue de la favorite, en cette jeune femme tra-versant, d’un pas de reine, un parc où l’on sent la fraîcheur du printemps. La dame est fine et légère ; de la lourde jupe se détache le buste fluet. C’est bien l’élégance un peu bour-geoise de la marquise, avec les airs autoritaires de l’élue du souverain. Et voici ses traits jolis, mais si mobiles qu’ils n’ont pas de caractère, et aussi ce charme particulier aux êtres maladifs, délicats et volontaires.
Pierre Girauld de Nolhac, dit Pierre de Nolhac (Ambert 1859 – Paris 1936)
Écrivain, poète, historien, il a eu dans sa vie deux amours : les Antiquités latines et le XVIIIe siècle français – Rome et Versailles. Ses recherches sur Pétrarque feront date. Ce fort lien affectif à l’humanisme de la Renaissance italienne et à l’esthétisme de la France de l’ancien régime l’accompagnera toute sa vie, qu’il fût Conservateur du Château de Versailles ou directeur du musée Jacquemart-André. Élu à l’Académie française en 1922, il laissa une oeuvre abondante et raffinée.
I Préface
II. – L’art aux Jardins
III. – Le Nôtre à Versailles
IV. – Les peintres à la Cour
Nattier et la famille royale
La Tour à Versailles
Boucher et Madame de Pompadour
Madame Vigée-Le Brun et la reine
Hubert Robert et la comédie de la Cour
V.– Versailles pendant la Révolution
Notes