Maine de Biran n’a guère pensé à la postérité en écrivant son journal. Au jour le jour et au fil des années il a scrupuleusement noté moins les événements du monde extérieur que ceux de son monde intérieur.
En lutte contre ce qu’il considérait comme des défauts, il mena une introspection implacable, avant d’aboutir au lâcher-prise qui lui apporta enfin la paix. Il avait fait au passage œuvre de pionnier dans l’exploration de la psyché humaine, ce dont la postérité lui sait peu gré.
Ernest Naville nous présente ce travail avec une finesse et une profondeur rares.
Édition annotée – ebook uniquement
Maine de Biran, sa vie et ses pensées
Abordant les questions religieuses, nouvelles pour lui, il était conforme à tous ses antécédents de se placer sur le terrain du sens intime et de s’y renfermer. La doctrine du pardon, qui lui avait échappé parce que le fait du devoir ne l’avait pas suffisamment occupé, lui échappait donc encore à un autre titre. L’existence réelle d’un Sauveur est un fait extérieur au croyant, bien qu’en relation intime avec sa conscience, un fait historique, produit de la libre volonté du Dieu de miséricorde. Lorsqu’on y croit, on éprouve en soi-même les conséquences de cette foi ; mais le fait, on le croit, on ne l’éprouve pas ; le sens intime tout seul ne saurait jamais l’atteindre.
Or, Maine de Biran était toujours porté à constater ce qu’il éprouvait, bien plus qu’à croire ce qui pouvait se passer hors de lui ; le pardon accepté rentrait donc beaucoup moins dans son point de vue que la grâce immédiatement sentie. Il subsiste donc une lacune considérable dans sa conception du christianisme ; je dis une lacune, non une négation. On ne le voit pas en effet se placer en face de l’enseignement de l’Église pour en accepter une partie et en rejeter une autre ; il est bien loin de se refuser à la doctrine du pardon : il semble ne pas l’apercevoir.
Ernest Naville – 13 décembre 1816, Chancy ; 27 mai 1909, Genève.
Fils de pasteur, il fit des études de théologie à l’Académie de Genève, avant de consacrer sa vie à la recherche et à l’écriture. Théologien, philosophe, auteur et préfacier, éditeur, traducteur, conférencier, il parvint à une très grande popularité et a laissé une oeuvre immense. Mais il est surtout connu pour son remarquable travail éditorial sur les manuscrits de Maine de Biran, travail qui sert encore aujourd’hui de base aux chercheurs.
Avant-propos de l’éditeur
Histoire des manuscrits inédits de Maine de Biran
Vie de Maine de Biran
I. – La jeunesse de Maine de Biran et ses débuts en philosophie (1766 à 1803)
II. – Maine de Biran dans le département de la Dordogne (1803 – 1812)
Rédaction de Mémoires couronnés par divers corps savants de l’Europe.
– Fonctions administratives.
III. – Maine de Biran à Paris (1812 à 1824)
1. – Circonstances extérieures. – Opinions politiques.
2. – Développement religieux. – Dernière direction de ses travaux philosophiques.
Pensées de Maine de Biran
Année 1794
Année 1795
Année 1811
Année 1814
Année 1815
Année 1816
Année 1817
Année 1818
Année 1819
Année 1820
Année 1821
Année 1822
Année 1823
Année 1824